Le château secret

Aujourd’hui je ne vais pas seulement vous parler d’un lieu. Aujourd’hui je vais vous parler d’une aventure plus qu’un simple château. Certains connaissent cet endroit. Mes amis les plus proches pourraient presque vous en parler comme je m’apprête à le faire.

Ce château, c’est là où je travaille tous les étés depuis mes 16 ans. Plutôt ironique comme situation, je m’apprête à vous faire un long discours pour vous décrire l’importance qu’a, à mes yeux, un lieu qui au premier abord est synonyme de travail, tâches ménagères et absence de vacances reposantes au passage. 

Malgré tout ce que je pourrai vous dire, vous décrire ou vous montrer, rien n’égalera ce que j’y vis. Ce que j’y ressens. Je vous parlerai également d’une personne qui a beaucoup compter pour moi. Qui compte encore beaucoup pour moi, plus qu’il ne le faudrait. 

Lui réserver ce discours aurait été déplacé au vue du mal qui ressort de notre histoire. Trop élogieux pour lui, trop douloureux pour moi. J’ai donc décidé de l’inclure en autre dans quelque chose de plus beau encore, de plus fort, quelque chose de plus grand.

M. (je l’appellerai comme ça pour préserver mon identité) c’est beaucoup de choses à la fois. C’est des émotions fortes mais contradictoires, des souvenirs mémorables d’autres déplorables, des pleures de joie et de désespoir, des règles transgressées, des actes regrettés. Le point commun entre tout ça, c’est qu’il m’a fallut l’assumer à chaque fois. Peu importe le choix, peu importe la conséquence. C’est d’ailleurs l’une des choses que m’a appris M. Dans la vie de tous les jours, arrive un âge où nos choix n’appartiennent qu’à nous, où il nous devient impossible de nous cacher derrière nos parents ou l’effet de groupe pour justifier certaines de nos actions. Arrive un jour où l’on devient grand. Et ce jour là, il ne suffit pas seulement d’assumer nos actes et nos choix, il nous faut nous assumer nous même. 

L’un de mes choix a été d’aimer. De le laisser me faire l’aimer plutôt, parce qu’on ne choisi pas de tomber amoureux. J’ai aimé comme je pensais ne jamais pouvoir aimer une personne. J’ai donné mon coeur, j’aurais vendu mon âme sans me soucier des retombés du lendemain pour lui. Malgré les pleures et les peines de coeur qui s’en suivaient, j’ai appris ce que c’était quand l’amour et la haine s’unissaient, s’alliaient l’un l’autre pour ne créer qu’une vague d’énergie que l’on ne sait parfois pas appréhender tant elle nous prend aux tripes, un sentiment si contradictoire que l’on ne se savait pas capable de le ressentir. C’est ce sentiment qui fait que l’on oublie consciemment de faire appel à notre raison pour des décisions qui mériteraient pourtant sa consultation. On se dit qu’elle reviendra bien tôt ou tard, alors pourquoi ne pas profiter de ces courts instants où elle nous laisse tranquillement perdre le contrôle de nos sentiments. 

Si c’était à refaire je ne changerais rien. J’ai grandi, j’ai appris, je suis tombée de haut, mais finalement, je me suis relevée. Je crois au destin et je pense qu’il en faisait partie. Je pense que sans lui je ne serais pas celle que je suis. 

Je pense que M. est la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivée. Jusque là. Parce qu’on ne va pas se mentir, j’ai encore toute la vie devant moi.

Je n’aurais pas été la même personne aujourd’hui devant vous sans tout ça en réalité, sans M. C’est là-bas que j’ai appris à me connaitre, à m’écouter. Que j’ai déclenché ma crise d’adolescence aussi au passage (petit clin d’oeil à mes parents). J’y ai rencontré des personnes qui se foutaient de ce que les autres pouvaient penser. Des gens du voyage, qui n’ont pas hésité à se lancer et faire ce qu’ils aimaient réellement quitte à faire des sacrifices, vivre au jour le jour sans vraiment savoir comment ils mangeraient demain. Des artistes, des danseurs des peintres des tailleurs de bois, des grimpeurs d’arbre, et philosophes à la foi. Des gens qui n’ont que faire des problèmes de la vie de tous les jours. L’argent, notre place dans la société, des choses futiles qui ne nous permettront jamais d’être heureux si on y pense bien. Ils m’ont montré la voie, et je suis un peu comme eux maintenant. Un peu artiste, un peu philosophe, un peu amoureuse, un peu tout à la fois en fait. Et j’en suis convaincue maintenant, grâce à eux, le bonheur c’est bien plus que ça. Je ne vais pas vous faire une dissertation sur comment être heureux, mais je peux aujourd’hui affirmer avec certitude, que là-bas, j’ai été heureuse. Je le savais au plus profond de moi, comme on a rarement l’impression de l’être.

Je me suis fait beaucoup d’amis là-bas, mais aussi un certain nombre d’ennemis, si l’on peut dire. J’y ai découvert les vices de la nature humaine. Ceux qu’on ne pense pas exister jusqu’à ce que l’on les rencontre. Ceux qui font qu’un jour vous vous laissez aller avec une personne qui vous poignardera sans conscience aucune le jour d’après. Le monde du travail pourrait-on dire. Et pourtant, ce genre de comportement égoïste illustre l’une des choses que je sais maintenant ne pas être capable de pardonner, de tolérer, la trahison. Cela ne représente qu’une infime partie de tout ce que j’ai pu vivre là-bas, malgré tout, elle reste l’une des plus marquante. Voir ce que certaines personnes sont capable de faire avec pour seul motif une once de reconnaissance de la part des personnes haut-placées dans la hiérarchie des colonie de vacances BNP me fascine. Je n’ose même pas imaginer ce qui peut être fait dans d’autres contexte bien plus exigeants que celui là. 

A côté de cela il y a des personnes que vous rencontrez, et vous savez, même si vous êtes conscient que vous ne les reverrez sûrement pas une fois revenue dans la vie de tous les jours, qu’elles vous marqueront. 

M., vous l’aurez compris, c’est une aventure humaine, une aventure de partage avec autrui, c’est des rencontres, des retrouvailles, en fait c’est la VIE en condensé.

C’est aussi la nature, les arbres, la terre, le soleil, les étoiles. J’aime m’allonger dans l’herbe, à la fin de mon service. Je cherche un carré de verdure libre, sans enfant ou bruit perturbateur environnant et m’y allonge en observant ce qui se passe autour. Le vent fait danser les feuilles des arbres sur les branches. Certaines virevoltent  tellement vite qu’elles finissent par tomber et danser dans les airs. L’herbe me chatouille le visage et j’observe les fourmis qui s’y accrochent. Elles montent au sommet pour redescendre de l’autre côté comme si elles ne se rendaient pas compte que ce chemin les ramènerait tout droit d’où elles venaient. Métaphore de la vie en quelque sorte, et je finirai ce coup de coeur sur ces quelques mots que l’expérience M. m’a appris et que je ne cesse de me répéter. 

On part tous du même point et peu importe le chemin que l’on emprunte, la finalité reste la même. 

Alors vivons l’instant présent, aimons la personne qui nous fait sourire, vibrer, sans se soucier de ce que les autres pensent, apprécions chaque moment et soyons attentif à ce qui se passe autour de nous, aux signes que l’univers peut nous envoyer, soyons heureux, soyons vivants. 

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